CCI Fantasie :: Épisode 1
Note d’intention
Les projets menés ces dernières années, avec les étudiants, se sont intéressés à des objets de design graphique présents dans des fonds mais peu connus car non répertoriés, et/ou non conservés pour leur valeur esthétique. Ils les mettaient en lumière via un travail de valorisation – exposition, édition, etc.
Depuis 2020, New Hoarders fait un pas de côté en s’intéressant à un lieu français emblématique pour la reconnaissance institutionnelle du design graphique : Le Centre de création industrielle (1969-1992).
Peu étudié, voire totalement absent de l’Histoire des institutions culturelles françaises, le CCI a pourtant été précurseur, en France, dans la monstration du design et des communications visuelles « au musée ». Il a également été défenseur des professionnels de ces domaines de la création, ouvrant la voie plus tard au ministère Lang et aux initiatives qui s’en sont suivies (création de la Délégation aux arts plastiques, du Centre national des arts plastiques, de l’Ensci, de l’Anrt, mise en place d’une mission pour le graphisme, etc.)
Son histoire n’étant pas écrite, et le CCI étant aujourd’hui rattaché au Musée national d’art moderne (Mnam), les projets qu’il a mené pendant plus de 20 ans sont peu connus, voire inconnus pour les jeunes générations, et ouverts à toutes les interprétations et réécritures historiographiques.
En partant de ce constat, New Hoarders réactive, sous forme d’épisodes, certaines thématiques qui fût présentes au CCI, et dont l’actualité, même si déplacée, est toujours vive.
C’est par le biais de la narration et de la fiction que sera évoqué le CCI dans les divers épisodes, et non pas dans une démarche historienne. Si certains projets s’appuieront sur des sources ou des faits historiques relatifs au CCI, il ne s’agit en effet pas d’écrire l’Histoire de ce lieu 5, mais bien à partir de certains des thèmes qu’il a traité au cours de ses deux décennies d’existence, d’en proposer un récit, qu’il soit fantasmé, extrapolé, et/ou projeté dans l’actualité.
À sa création en 1969, la mission principale du CCI était de fournir aux spectateurs/visiteurs, les éléments leur permettant une consommation éclairée. Il souhaitait également mettre en contact les industriels et commanditaires avec les designers et graphistes, tout en valorisant ces domaines de la création par le biais d’expositions. La conceptualisation de sujets liés à ces domaines, avec la revue Traverses, faisait un lien avec un autre champ, celui des sciences sociales, porté par des figures comme Jean Baudrillard et Louis Marin (parmi les fondateurs de la revue) ou Abraham Moles et Jean-François Lyotard.
Au fil des années 1970, et en particulier à partir des années 1980, la mission d’une consommation éclairée a peu à peu disparue, pour laisser place à la critique du postmodernisme et à une certaine « muséification » du design (et des communications visuelles dans une moindre mesure), prémices de la fusion entre le Mnam et le CCI en 1992, et de sa représentation au sein du Centre Pompidou depuis.
Reste que ce lieu montrait et donnait à penser le quotidien.
Les projets de cette année forment l’épisode 1, ils réactivent un des sujets principaux du Centre de création industrielle (CCI) : la consommation des objets, leur (re)production, leur représentation.
Qu’est-ce qu’un objet ? Quelles sont les manières de concevoir et de consommer les objets aujourd’hui ? Comment produit-on ? Comment reproduit-on ? Avec quels outils ? Comment donne-t-on à voir les objets ? Comment interagissent-ils avec nous ? etc. sont autant de questions et de thèmes qui pourront être soulevés, développés, déplacés, dans les différents workshops proposés cette année.
Partie 1
Deux graphistes sont intervenus à l’automne 2020 en workshop à l’Esac.
Le premier workshop avec Olivier Lebrun proposait de questionner la reproduction des objets, et les notions de copie et de simulacre (chères à Baudrillard par ailleurs), en partant d’un extrait du roman de Philip K. Dick, La planète impossible (1953) : « Payez l’imprimeur ! ».
Les étudiants ont chacun choisi un passage du texte et l’ont reproduit manuellement, à l’échelle de l’espace. Cette première reproduction a été photographiée pour être elle-même reproduite par impression sur un mug — objet choisi pour sa symbolique d’objet normé produit en masse qui annonce une certaine « mort du design », et pour sa symbolique de l’espace du bureau dans les années 1970-1980. L’impression des mugs, via une plateforme d’impression à la demande, renforce par ailleurs la notion de normalisation alors même que chacun de ses mugs est unique. Les mugs ont également été photographiés puis ont été imprimés sur des affiches afin de pouvoir les associer et recomposer l’intégralité du texte de Philip K. Dick.
Le second, avec Karl Nawrot, est parti du catalogue Du Bauhaus à l’industrie. Wilhelm Wagenfeld, édité par le CCI en 1975, dans lequel chaque étudiant a choisi un objet qu’il a reproduit en deux dessins (un du contour seul, un second imaginant son volume). Par la suite, les étudiants ont été invités à hybrider un objet avec un autre pour créer une nouvelle forme. Cette dernière a ensuite été réalisée en volume (carton peint) à une échelle plus grande. Cette sculpture a ensuite été reproduite en dessin. Par ce sujet, Karl Nawrot proposait ainsi d’expérimenter l’hybridation d’objets et de formes (objets-mutants), leur représentation en volume, leur reproduction en passant d’une technique à l’autre, d’une échelle à l’autre.
Ces deux projets sont restitués dans l’exposition virtuelle CCI Fantasie 1 disponible en ligne sur cci.esac-cambrai.net
Communication
L’identité visuelle du projet CCI Fantasie, épisode 1, a été réalisée par deux étudiant.e.s de 4e annéé, Julie Port et Alexia Clauss.
Les affiches ont été imprimées chez Lézard Graphique, les flyers ont été réalisés et imprimés en riso et sérigraphie à l’école.
Équipe, intervenant·es, dates, partenaires
Équipe enseignante
• Caroll Maréchal, responsable du programme de recherche
• Mathias Schweizer, graphiste et chargé du second cycle de l’Esac
• Thibaut Robin, graphiste et enseignant à l’Esac (semestre 1 — exposition virtuelle)
Chercheuses associées
• Catherine Geel, historienne du design
• Clémence Imbert, historienne du design graphique
Personnalités extérieures invitées
• Damien Bauza et Pedro Cardoso, graphistes
• Lise Brosseau, doctorante en Communication (intervenue en mars)
• Ascanio Cecco, doctorant en Sciences historiques de la culture
• Olivier Lebrun, graphiste et enseignant
• Karl Nawrot, graphiste
Workshops
• Olivier Lebrun : 26 et 27 octobre 2020 / 23 et 24 novembre 2020
• Karl Nawrot : du 16 au 19 novembre 2020
Conférences
• Lise Brosseau : lundi 2 mars 2020 à 12h
• Ascanio Cecco : lundi 15 mars 2021 2021 à 18h
• Damien Bauza et Pedro Cardoso : lundi 12 avril 2021 à 18h
Exposition
• « CCI Fantasie1 », exposition virtuelle, du 1er février au 31 mars 2021.
Programme de recherche partenaire
• Problemata, MSH Paris-Saclay, Huma-num
Contact
newhoarders@esac-cambrai.net
Instagram : @new_hoarders
Ce programme est soutenu par la Drac Hauts-de-France.