L’École supérieure d’art et de communication de Cambrai* a le plaisir de vous convier ce jeudi 21 décembre 2017, à 18h00, à l’ouverture, au vernissage de l’exposition : « Nourrir le Monstre » une proposition de Geneviève Gauckler. : )
http://www.genevievegauckler.com/
+ de photos à venir!!!
A l’occasion de sa venue, Geneviève Gauckler a pris le temps de répondre à quelques une de nos questions. Recueillies dans une publication aujourd’hui épuisée, nous vous la délivrons ici :
A4 : Quel a été votre parcours professionnel ?
Geneviève Gaukler : Mon parcours a débuté quelques temps avant d’être diplômée de l’École nationale des arts décoratifs de Paris, car j’ai commencé à travailler chez un éditeur de beaux livres et de bandes dessinées ( « La Sirène ») comme stagiaire durant mes vacances scolaires. C’était l’époque où l’ordinateur arrivait tout juste. J’ai eu donc le plaisir de travailler à l’ancienne. C’est-à-dire sans Mac, avec un Xacto, des bromures, du papier millimétré et une bombe de colle. Ces stages m’ont beaucoup apporté, cela m’a confirmé que j’adorais faire de la mise en page : valoriser le contenu en choisissant des caractères typographiques qui conviennent, travailler sur une grille cohérente, choisir l’iconographie… Chaque détail a son importance, même le foliotage. D’ailleurs, il n’y a plus de détails, il n’y a que des éléments à harmoniser les uns avec les autres. Puis, à cette époque, au tout début des années 90, j’ai contacté des labels de musique électronique, car j’étais à fond dans la house. Je savais d’intuition que c’était un endroit pour lequel je souhaitais faire des images. Coup de chance, j’ai été contactée par le label F Communications et j’ai donc participé au démarrage du label pour toute son image (pochettes vinyles et CD, affiches, publicités). Cela a duré 4, peut-être 5 ans, c’était passionnant. Puis, en 1995, j’ai rencontré deux réalisateurs, Florence Deygas et Olivier Kuntzel, que peut-être vous connaissez pour avoir réalisé le générique de « Catch Me If You Can » de Steven Spielberg, et durant 4 ans, j’ai participé à l’élaboration et à la fabrication de nombreux films courts, clips, publicité, courts-métrages. J’ai appris plein de choses sur l’animation, les décors, le rythme ; une superbe expérience. Puis, je suis allée à Londres pendant 1 an pour travailler dans une start-up de commerce. Ce fut pour moi l’occasion de travailler avec des designers anglais et suédois, j’y ai appris à travailler avec la langue anglaise et cela m’est indispensable maintenant. J’ai rencontré au cours de ce séjour l’un de mes héros graphiques, Paul White, le designer de « Me Company ». Cette rencontre a été très importante pour moi, lui, qui, entre autre, était en charge de l’imagerie de Bjork, des albums Post et Homogenic. De retour en France et je suis passée naturellement du graphisme à l’illustration. Je suis devenue illustratrice, tout simplement.
A4 : Pouvez-vous, nous éclairer quant à votre processus de production; d’une idée à sa réalisation ?
GG : Tout démarre avec la rencontre avec le commanditaire, que ce soit avec un directeur artistique d’une agence de publicité ou d’un magazine, de plus en plus il s’agit d’un rendez-vous téléphonique et plus d’une rencontre IRL. Puis je suis chez moi là où je travaille et je cherche dans des livres ou sur internet des images au hasard qui pourraient me donner des idées. Je crayonne des trucs aussi. J’ai toujours des idées particulières à un moment donné. Par exemple en ce moment j’aime bien les choses suspendues, les personnages qui sont connectés à des fils, qui sont aussi prisonniers de ces fils. Si j’arrive comme par magie à associer mes thèmes du moment à un travail de commande, c’est super. Si non ce n’est pas grave je pars sur autre chose. Puis je travaille sur 2 ou 3 pistes possibles, ou bien une seule si j’ai la conviction que c’est la bonne. Puis présentation au client, puis modifications plus ou moins fastidieuses.
A4 : Dans votre production, on observe une affection particulière pour le collage. D’où vous vient cette affection pour cette pratique ?
GG : J’aime beaucoup le collage car c’est l’occasion de jouer avec le hasard, la coïncidence : tout d’un coup, 2 images superposées forment quelque chose de nouveau. Je cherche à me surprendre moi-même. Le collage, c’est aussi cette sensation de jouer comme quand j’étais enfant, de prendre des jouets, des feuilles, des stylos, divers trucs, et de les mélanger et voir ce qu’il se passe. C’est le cerveau droit qui est aux commandes. C’est cette dimension du jeu, que l’on peut perdre à force de travailler sérieusement pour des gens.
A4 : Parmi vos influences, vous désignez le packaging de votre boîte de céréales, ainsi que du générique d’ouverture de « Flipper le Dauphin ». Quelle est donc cette boite ?
GG : Quand je citais un packaging de céréales, ce n’était pas une en particulier mais les visuels de packagings en général. Quand je vais dans un supermarché, je suis en fait dans une galerie d’art et j’observe les typos, les personnages, les couleurs sur les packagings. Quand je suis à l’étranger, l’effet est encore plus fort : que des trucs nouveaux ! J’adore ! Quant à « Flipper le Dauphin », il s’agit d’une série télé qui passait quand j’étais enfant, dont le générique était dessiné et animé. De grosses bulles d’eau avec la typo 60’s : j’attendais la fin de la série avec impatience pour ces quelques secondes de générique, j’étais en extase devant la typo et les gouttes d’eau stylisées. :-) Quand on le revoit c’est évidemment complètement anodin.
A4 : Comment à partir d’une simple situation banale arrivez-vous à créer des situations insolites, drôles, amicales ? (Votre série « Invasion »)
GG : Cela vient du fait que je suis toujours réellement émerveillée par le réel, le quotidien. Je me suis souvent sentie comme un extra-terrestre visitant la terre pendant de nombreuses années (moins maintenant), et donc chaque détail était digne d’intérêt, que cela soit dans la rue, un magasin, les arrêts d’autoroutes (le comble de l’exotisme), les zones commerciales avec leurs grandes surfaces, les paysages agricoles monotones, etc. Il y a toujours un truc particulier à observer. Et dans ces paysages banals, en y plaçant des petits personnages bizarres, rapidement, ils deviennent super chouettes.
A4 : Dans votre travail, on observe l’apparition de personnages récurrents, d’où viennent-ils ?
GG : J’aimerais bien le savoir. J’ai bien peur qu’ils ne viennent que de mes neurones, qui ont été impacté par la vision des Barbapapas, des Disney, des Simpsons, des films de Miyazaki… En fait quand on crée des personnages, on fait souvent un auto-portrait. Cela se voit avec les dessinateurs de BD, dont le héros ressemble souvent à leur auteur. Si l’on est 100% honnête dans le processus de création, on dessine ce que l’on est en réalité. Quand je suis agacée par un truc, le personnage aura une tronche de personnage agacé. C’est toujours comme cela.
A4 : Vous officiez au sein du collectif PLEIX ? Quel est votre rôle au sein de celui-ci ?
GG : Depuis quelques années, mon rôle est plus celui de fan que de participante à des projets. Mes amis de Pleix ont beaucoup travaillé sur des films de publicité et cela demande des compétences que je n’ai pas. Nous restons toujours très proches et j’aime beaucoup ce qu’ils font. C’est tellement difficile de faire des images belles, qui véhiculent une émotion, en utilisant des techniques mixtes (tournages, 3D…). Moi j’aime bien les projets rapides, simples, je suis en train de refaire de l’animation d’ailleurs mais je tiens beaucoup au côté low-tech, au bricolage avec un iPhone et After Effects.
A4 : Si vous aviez un conseil à donner aux élèves en école d’art, quel serait-il ?
GG : D’être absolument passionné par l’image sous toutes ses formes. De prendre du plaisir à créer des images, fixes ou animées, de mélanger un maximum de techniques. Se surprendre soi-même, ne pas avoir trop de croyances du style « non je suis pas très bon en dessin » ou « bof l’animation c’est pas mon truc ».
« Ne vous fermez aucune porte. »